 Innovation citoyenne et innovation frugale : et si le futur de l’innovation c’était la simplicité ? Lorsque nous pensons innovation, nous pensons d’avantage technologie que simplicité. En effet, les innovations actuelles mettent en œuvre des technologies très complexes. Ce qui fait à la fois la force et la fragilité de ces nouveaux savoir-faire. Or cette haute sophistication est remise en cause par certaines mouvances. Telle est le cas de l’innovation citoyenne et de l’innovation frugale, qui ont une tout autre vision de l’innovation. A l’occasion du lancement de la nouvelle campagne de mission Alter’Actions de Printemps 2017, une soirée autour de l’innovation citoyenne et frugale a été organisée au Hub BPI France (Banque publique d’investissement). Dans ce haut lieu de l’innovation, plusieurs spécialistes de la question ont été conviés afin de comprendre ces nouveaux concepts - dont beaucoup ont déjà entendu parler, mais peu pourraient vraiment en définir la portée -. Tout d’abord, Antoine Héron, ingénieur des Arts et métiers, ancien cadre chez Renault et président de l’association Innovation citoyenne et développement durable est venu présenter à tous les Alter’Actifs l’innovation citoyenne. L’innovation citoyenne est une invention créé par un citoyen astucieux, et non pas un bureau d’étude aux moyens techniques financiers et humains importants. Cette invention se distingue par son ingéniosité : elle utilise des moyens techniques simples et peu couteux pour répondre à une problématique rencontrée dans la vie quotidienne. Son prix peu élevé permet que cette invention soit transférable à l’ensemble de la population. L’association Innovation Citoyenne et développement durable mène une veille continue afin de découvrir toutes ces nouvelles inventions utiles et économique. Chaque année, différentes innovations à fort potentiel sont sélectionnées et l’association aide celles-ci à se faire connaitre du grand public et des acteurs clef. Plusieurs innovations défendues par l’association ont été présentées telles qu’une maison écologique, au coût abordable possédant une bonne isolation thermique, faite de pailles et de matériaux recyclés, ou encore des moyens de locomotion individuels plus respectueux de l’environnement. Par la suite, Ivan Le Mintier, cofondateur et Titulaire de la chaire Industrielle d’Innovation et d’Ingénierie Frugales (I3F), agriculteur biologique et ancien cadre de l’industrie agroalimentaire (Nestlé, Danone..) nous a présenté l’innovation frugale. Ce concept se distingue très légèrement de l’innovation citoyenne. En effet, l’inventeur n’est pas forcément un citoyen astucieux isolé. Au contraire, actuellement certains bureaux d’études et industriels commencent à être désireux de faire plus avec moins de moyens. Une invention frugale est aussi peu couteuse, facilement applicable à la population et doit répondre simplement à un besoin. Ivan Le Mintier aime utiliser une citation de Saint-Exupéry pour décrire l’innovation frugale : « Il semble que la perfection soit atteinte non quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retrancher ». Ainsi, tout l’enjeu pour les entrepreneurs en recherche de frugalité est de réduire la complexité d’un produit pour en améliorer son accessibilité. La frugalité est particulièrement présente dans les pays en développement où les individus sont contraints par le manque de moyens à mettre en place de nouveaux procédés pratiques et économiques. Elle représente un véritable enjeu pour les industriels actuels : un coût de production moins élevé, une plus grande solidité et des produits s’inscrivant dans une volonté de développement durable. Enfin, des ingénieurs fraichement diplômés d’AgroParisTech sont venus nous faire part de leur projet Juggaddict. Il s’agit d’une vaste étude des différentes innovations existantes dans les pays en développement. Le nom Juggaddict s’inspire des travaux de Navi Radjou, important promoteur de l’innovation frugale et auteur de « L'Innovation Jugaad ». Ce franco-indien s’est inspiré de l’ingéniosité de la population indienne, qui avec peu de ressources créé des inventions remarquables. Il encourage chacun à utiliser des techniques plus simples, plus abordables et plus pertinentes. Au cours d’un voyage de 10 mois en Afrique et Asie, l’équipe Juggaddict composée de trois ingénieurs a parcouru six pays à la découverte d’innovations frugales dans le domaine de l’alimentation. Leur objectif est de découvrir des idées nouvelles qui seront susceptibles d’améliorer notre modèle alimentaire. Ils ont partagé avec les Alter’Actifs leur trépidante aventure, leurs émouvantes rencontres et leur découverte d’habiles solutions à travers l’Inde, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Sénégal, la Thaïlande et le Viêtnam. Pour pouvoir mener à bien leur ambitieux projet, Juggaddict a été soutenu par des entreprises partenaires à qui sera rendu un rapport d’analyse détaillé des idées démasquées au cours de ce périple. Dans une période de faible croissance et de prise de conscience du caractère épuisable des ressources, il semble judicieux de repenser l’innovation.  Pouvons-nous changer le monde ?
A la suite de cette belle soirée a eu lieu la journée de lancement des nouvelles missions d’Alter’Actions au Poly, un bar artistique et convivial. Nous avons eu le plaisir de revoir nos Alter’Actifs et d’accueillir nos nouveaux Alter’Actifs. Ce sont des étudiants encadrés par des professionnels du conseil qui travailleront pendant plusieurs mois à chercher des solutions aux problématiques concrètes que rencontrent des acteurs de l’Economie sociale et solidaire dans leur stratégie de développement. Dans un premier temps, nos Alter’Actifs ont rencontré Pierre Chevel auteur de « Comment changer le monde en 2 heures ? ». Ce livre, en deux tomes, se présente comme un guide pour connaitre les initiatives citoyennes innovantes et comprendre comment s’engager même lorsque son temps est limité. Ainsi, dans ses écrits, Pierre Chevel développe la notion de micro-engagement. Il liste des actions simples à externalité positive sur la société que chacun peut accomplir. De cette façon, il nous montre que nous pouvons tous à notre manière être un citoyen engagé. En effet, participer à une soupe populaire ou faire un mirco-don est à la portée de tous, mais cela n’est pas forcément évident lorsque l’on ignore comment s’y prendre et à qui s’adresser. Ce livre très positif et sans culpabilité apporte une réponse appropriée à l’envie de s’engager et d’être utile dans un monde en proie à de nombreuses difficultés. Dans un second temps, le Secours Catholique est venu nous faire part de la problématique de la grande précarité. Cette intervention avait pour objectif d’interpeller sur les difficultés vécues au quotidien par les personnes touchées par la pauvreté. Face à cette problématique, la première chose que nous pouvons tous faire est de ne pas stigmatiser ces personnes et de s’intéresser à elles en allant au-delà de leurs difficultés quotidiennes. Enfin, Alter’Actions a profité de la réunion de ces nouveaux Alter’Actifs pour faire le bilan des missions passées et pour procéder au lancement des nouvelles missions. Durant la vague automne 2016, des étudiants de grandes écoles et universités se sont engagés sur des missions de conseil auprès de 22 acteurs de l’économie sociale et solidaire. Ce sont des associations ou entreprises innovantes socialement, qui agissent dans des secteurs divers et variés tels que la réinsertion, l’emploi, l’égalité des chances, la solidarité nationale et internationale ou encore la protection de l’environnement. Les Alter’Actifs ayant participé aux missions d’automne 2016 ont pu faire part de leur expérience aux nouveaux arrivant à Alter’Actions. Ces retours sont très positifs : ils sont fiers d’avoir pu aider des organismes à fort impact social, ils se sont enrichis et ont beaucoup appris de ces échanges et de ces rencontres. Sur chaque mission sont formées des équipes d’étudiants et de professionnels. Cette organisation permet à des jeunes bientôt diplômés d’avoir des responsabilités et d’enrichir leurs compétences, tout en étant utiles à des structures créatives qui ont peu de moyens. Alter’Actions est heureux de renouveler l’expérience pour sa 14e vague de missions. Cette vague Printemps 2017 aura lieu de janvier à mai et permettra d’aider 15 organisations à fort potentiel à se développer ! Si vous voulez devenir un Alter’Actif, que vous soyez étudiants ou salariés, une association ou une entreprise, n’hésitez pas à nous contacter ! Nous serons ravi de vous informer et peut-être de vous compter parmi nous ! Chacun, à notre portée et selon nos moyens, nous pouvons nous engager, changer un petit peu notre monde, et par toutes ces petites initiatives cumulées changer les choses ! Pour en savoir plus et découvrir l’action des engagés rencontrés lors de ce week-end Alter’Actif, nous vous invitons à visiter leurs sites internet : |